Cher père Noël

Je suis étudiante en allemand de 19 ans, je m’appelle Juliette et il y a plein plein plein de choses que j’ai envie de te demander pour noël.

Tout d’abord, je voudrais pouvoir allumer ma télé le soir à 20 heures sans y voir systématiquement des gens malheureux, qui meurent de faim ou qui vivent sous les bombes, sans avoir non plus de politiciens qui te copient, toi le père noël, en promettant d’apporter aux citoyens toutes les choses qu’ils demandent : même certains portent une barbe blanche, ils ne t’arrivent quand même pas à la cheville. Je voudrais aussi pouvoir marcher en ville sans voir de SDF en piteux état, sans voir d’enfants qui mendient.

Et bien sûr j’aimerais que les jeunes de mon age aient la possibilité d’avoir des rêves, des idéaux, qu ‘ils puissent se dire qu’ils auront un avenir satisfaisant, qu’ils trouveront un travail, et ce, quelles que soient leurs origines, quelle que soit la situation de leurs parents…

Je voudrais que les jeunes soient confiants : qu’ils aient confiance dans le monde qui les entoure, qu’ils aient confiance en eux, qu’ils se donnent les moyens de réaliser leurs rêves, de sortir des voies que d’autres ont tracées. Qu’ils osent se montrer originaux, qu’ils osent se lancer sans crainte d’étonner, de se détourner des sentiers battus. Je veux que les jeunes arrêtent de se lancer dans la course aux diplômes ou à la réussite pour satisfaire des désirs qui ne sont pas les leurs, et qu’ils essaient plutôt de se faire plaisir.

Pourquoi faut-il à notre age se laisser déborder par de faux problèmes Pourquoi la jeunesse actuelle ne sait-elle même plus profiter de choses simples : s’enivre du parfum d’un fleur ou regarder les étoiles en s’émerveillant ?
Pourquoi faut-il toujours briller, faire comme si, sourire et être au top ? A force de paraître, on oublie d’être. Ce serait si bien de s’écouter soi-même, de savoir ce qu’on veut vraiment, qu’on ose tout tenter pour se rendre heureux, tout simplement s’imaginer qu’on peut être heureux.

Je crois que les jeunes de ma génération ont peur de rêver, ont peur d’espérer et donc n’essaient plus de bâtir des choses originales.
Alors ce serait bien que l’an 2000 le père noël new-generation apporte une lueur d’espoir, de confiance, peut-être aussi de poésie et d’humour. Pour que les adultes de demain puissent se dire :

« j’y crois. Je ne serais pas le plus raisonnable. Mais je serais heureux parce que j’aurai osé me faire plaisir. A moi et à personne d’autre. Et je pourrai être fier de moi pour avoir osé faire cela ».
Tu as compris, père noël ? Je veux pouvoir rêver, et qu’on me laisse rêver.

Juliette

Lettre lue dans mon émission de radio local Hobby One pour Noël 1999.